Le Tantra

Un peu d’histoire

La pratique du tantra apparaît en Inde vers 5000 av. J.-C., à travers le culte du dieu hindou Shiva et de sa conjointe, la déesse Shakti. Shiva est vénéré en tant qu’incarnation de la pure conscience et Shakti comme incarnation de la pure énergie. Selon les Hindous, Shakti et Shiva créent l’univers par leur union.

Initialement, le tantrisme nait d’une remise en question des codes moralisateurs et répressifs, des religions officielles et des pratiques ascétiques des Brahmanes. Partant de cette approche rebelle et anticonformiste, le tantra défie les tabous et les systèmes de croyance limitants, quitte à scandaliser la société « bien-pensante ».

Pour cela, les maîtres de tantra développent différents moyens et adoptent des comportements parfois inattendus pour pousser à réagir, secouer et provoquer les gens afin qu’ils abandonnent leurs attitudes conventionnelles et leurs conditionnements.Le tantra originel reste une voie spirituelle qui mène à « l’Eveil » et s’appuie sur des textes ésotériques hindous et bouddhiques difficiles d’accès. Il y est question de « libération », c’est-à-dire l’état suprême où l’on atteint la réalité ultime. Ces textes tantriques regroupent des doctrines et des pratiques variées qui s’inspirent notamment du yoga et du Vedanta.

Le tantra occidentalisé

Après s’être diffusé dans le monde, le tantra connaît diverses évolutions et interprétations, influençant également les traditions taoïste et bouddhiste.

Arrivée en occident, la pratique du tantra a particulièrement évolué. Elle est promue notamment par le penseur philosophe Indien Osho, auteur de nombreuses pratiques et méditations qui ont fait sa renommée à partir des années 70/80.

Il convient dorénavant de renommer ce type de tantra en « néo-tantra ».

Les pratiques se sont en effet progressivement diversifiées avec des techniques de développement personnel et en s’inspirant parfois d’autres cultures que celles d’origine.

Même si la sexualité est incluse dès l’origine du tantrisme, sa présence dans certains rituels lui a donné une réputation sulfureuse due à des pratiques parfois dénaturées de leur portée originelle.

Alors, pourquoi pratiquer le tantra ?

Avant tout, le tantra (ou néo-tantra) est une voie spirituelle malgré son approche originale. La « libération » tantrique ne passe par des voies acétiques et utilise tout ce qui nous entoure comme support de méditation. Nos interactions avec l’extérieur et nos sensations intérieures constituent le terrain d’entrainement de la conscience.

Le corps devient un temple vivant, à l’opposé de l’orthodoxie brahmanique et bouddhique, pour qui il doit être oublié, laissé de côté, pour parvenir à l’éveil. C’est dans ce cadre que le tantra puise sa source dans l’arc en ciel de nos émotions, de nos sensations, de nos désirs, incluant la sensualité et la sexualité.

Ainsi, en replaçant le « mental » à sa juste place, la pratique du tantra interagit sur tous les aspects de notre vie (relationnel, professionnel, sexuel, alimentaire…).

Ma vision – mes ateliers

J’ai découvert le tantra il y a presque 10 ans, exploré différents ateliers, différentes couleurs d’animation. J’ai commencé moi-même à animer depuis 2020. En septembre 2022, j’ai terminé la formation personnelle de tantra du SkyDancing ! Ce training dénommé « TEL » est constitué de 6 stages intenses d’une semaine se déroulant sur 2 ans.

Aux termes de ce parcours, ma vision s’est précisée et j’ai fait le tri dans tout ce que j’ai expérimenté pour en isoler ce qui me parle et me semble authentique. Il n’est pas question pour moi de reproduire des fonctionnements hors de ma compréhension et qui à mon sens sont des héritages poussiéreux des années 70.

Selon moi, la pratique du tantra est basée sur l’observation. Quel que soit l’objet, la mise en situation ou l’exercice, la pratique tantrique consiste à ramener de plus en plus de conscience sur ce qui se joue à l’intérieur de soi. Observer, être à l’écoute de son corps et de ses sensations, être le témoin de sa vie intérieure sont les clés qui permettent d’expérimenter et de progresser dans cette voie.

L’observation permet de constater le caractère agité, incohérent, volatil du mental, lieu où se bousculent pêle-mêle les désirs, les souvenirs, les projets, les pulsions, les fantasmes et les peurs. C’est la porte vers la transformation.

Dans mes ateliers, j’utilise différents « outils » : la danse, la méditation, la parole, la respiration, le massage, les sons, le chant, les mantras, les jeux relationnels… Ces propositions constituent le terrain d’expériences tantriques. Certaines sont parfois volontairement dérangeantes et stimulent particulièrement notre présence, notre concentration et notre observation.

Je suis un adepte de la sécurité et pour cela je pose un cadre précis dans lequel se déroule mes ateliers. Les participants peuvent ainsi expérimenter les propositions tout en respectant leurs limites. Ce n’est pas parce que le tantra se veut anticonformiste que tout est laissé hors contrôle.

Pour aller plus loin : les textes sacrés

Ces textes sont difficiles d’approche. Seulement pour les passionnés…

Le Guhya-Samâja tantra, d’origine bouddhiste IVe siècle contient l’essentiel de la doctrine.

Le Vijñâna-Bhairava tantra ou « Discernement intuitif de Bhairava » est considéré comme le tantra de la connaissance suprême. Il se présente comme un dialogue initiatique entre le dieu Shiva et Shakti.

Il existe également des textes tantriques bouddhiques comme ceux du Vajrayâna (le « Véhicule de diamant ») ou du Mantrayâna (le « Véhicule des mantras ») qui sont nés en Inde et se sont développés au Tibet en Chine et au Japon.

Maître tantrique ?

Je ne suis pas un « maître tantrique ». Je suis un aventurier dans l’âme motivé par la transmission de ce que j’ai découvert tout au long de mon parcours.

Aussi, j’ai envie de partager avec vous un texte à prendre avec humour écrit par l’érudit Pierre Feuga en 1994.

« À quoi reconnaît-on un bon maître tantrique ? Il y a d’abord un premier indice, applicable, me semble-t-il, à tous ceux qui se mêlent de guider les autres. Le mauvais maître domine, subjugue, étouffe, culpabilise, pousse à l’imitation servile. Il se nourrit de votre admiration et n’aime pas vous lâcher. Auprès du bon maître, au contraire, on éprouve un sentiment croissant d’ouverture, de liberté (y compris la liberté de le décevoir et de le quitter !) et, pourquoi ne pas le dire, de joie, même si l’on passe par des moments difficiles. Car un tel homme, s’il peut parfois se montrer terrible, est toujours généreux. Il s’efface pour que vous grandissiez et souhaite plus que tout vous voir bientôt voler de vos propres ailes. À ce signe général s’ajoute, dans le cas du maître tantrique, un tour de main ou un coup de patte particulier. On lui fait confiance parce qu’il sait comment s’y prendre. Il n’est pas seulement celui qui connaît, il est celui qui peut. On ne lui demande pas forcément une science livresque à toute épreuve ni une sainteté formelle au jour le jour. C’est la sûreté de son pied, la vigueur de son allant, l’évidence de son action et peut-être un brin de folie maîtrisée qui font qu’on le suit sur ces chemins abrupts où l’air est si vif et les refuges si rares. »